Big

big

"Je me suis levée, je me suis foutue à poil et je suis allée devant la glace. Enfin ce qu'il en restait depuis que je l'avais brisée d'un coup de crâne, un jour où un chauffeur de taxi m'avait traitée de baleine simplement parce que je traversais le passage piétons alors que le feu était encore au vert."

Marianne : cent vingt kilos et un caractère tout en excès. Quand son univers clos se heurte à celui de Georges, SDF, marginal lui aussi, elle démonte un à un tous les mécanismes d'un rêve que son corps lui interdit : celui d'un bonheur simple.

Un roman moderne et noir où chacun, dans sa solitude et sa paranoïa, cherche auprès de l'autre un regard différent dans lequel il pourra s'oublier.

Editeur : Nil Editions (15/01/97)
Broché: 235 pages
ISBN-10: 2841110613
ISBN-13: 978-2841110612

Editeur : J'ai lu (04/01/99)
Poche: 248 pages
Collection : Littérature Générale
ISBN-10: 2290047732
ISBN-13: 978-2290047736

Editeur : J'ai lu (8/12/09)
Collection : Littérature Générale
ISBN-10: 2290022403
ISBN-13: 978-2290022405

Editeur : Heyne (01/01/01)
Langue : Allemand
Broché: 302 pages
ISBN-10: 345318971X
ISBN-13: 978-3453189713


REVUE DE PRESSE

Télématin / La page des libraires

Au début de Big, vous vous dites : M… ! Encore un roman sur l’obésité, normal, c’est son premier, elle se raconte. Faux ! C’est un premier roman d’évidence totalement imaginaire et qui rompt à jamais avec les éternels mêmes thèmes chers aux débutants. Bravo Madame !
L’histoire est extraordinaire et terrible. Une femme de 127 kilos, celluliteuse, poplitée, emplie d’une haine qui la rend « grossière, agressive » et paranoïaque, aidera pourtant un petit point-virgule de chômeur terne, poli et sage, ex-cadre dans un bureau d’assurances. Mais alors, ils vont s’en sortir et s’aimer ? Vous n’y êtes pas ! Nous sommes en 1997 et nos nouveaux auteurs sont lucides et moins fleur bleue que nous, et surtout plus exigeants. Dès qu’il a, grâce à elle, retrouvé un statut de bipède, il redevient stupide, borné et conventionnel, et elle, magnifique d’absolu et le cœur exigeant, choisira la cloche…
Ce livre est un choc. Dur ? Enorme ? Grossier ? Bien sûr. Vulgaire ? Jamais. Vrai ? Toujours, hélas ! Avec une ou deux-trois scènes de tendresse, de mains tendues, d’amours inoubliables. La dernière phrase est terrible et c’est, pétrifié, que vous refermerez ce premier roman car il y a, il y avait, un petit garçon, Hévé. Je ne suis pas près d’oublier le nom de madame Valérie Tong Cuong, qui, j’en jurerais, ne doit même pas peser 50 kilos.

Elle

Marianne, 127 kilos, en fait des tonnes dans le genre flippé. C’est pour ça qu’on l’aime.
C’est la rencontre de deux marginalités, l’une physique, l’autre sociale. Lorsque Marianne, 127 kilos, tombe sur Georges, un sans-abri, elle reconnaît en lui un frère dans le désarroi, une âme sœur dans le malheur. Marianne a un boulot (colleuse d’enveloppes), un petit garçon qu’elle a confié à des baby-sitters…et la délicatesse d’un bulldozer. Avec la jeune femme, ça casse plus souvent que ça ne passe ; Georges, lui, a un passé d’assureur et de vie bien rangée, mais une rupture sentimentale l’a jeté sur le pavé. Tous deux cherchent amour et réconfort. Mais solitude plus solitude égale couple ? Pas si sûr. Si la trame romanesque se révèle un peu faible, la plus grande réussite du premier roman de Valérie Tong Cuong reste incontestablement le personnage de Marianne. Culotté, l’auteur n’hésite pas à la rendre antipathique, voire repoussante. La tendresse est enrobée de trop de graisse, la gentillesse de trop de crasse. Pas toujours facile de lui trouver des excuses. Violente, écorchée, provoque le malaise des gens qu’elle rencontre comme celui des lecteurs.

Pascale Frey

Questions de femmes

Parce qu’elle pèse cent-vingt-sept kilos et que son poids la noie dans une solitude dont elle ne voit pas comment en sortir, Marianne se déteste. Sa vie ? Une course après l’amour et la reconnaissance, une intense recherche de son image profonde dans le regard des autres.
Big est le remarquable premier roman d’une jeune femme de 32 ans dont on devrait entendre beaucoup parler. Un livre noir, moderne et corrosif. En un mot, réjouissant !

Les échos

Deux femmes au bout du malheur
Elles sont deux (belles) jeunes femmes, l’une française, ancienne publicitaire, Valérie Tong Cuong, l’autre américaine, professeur d’université, Sapphire. Elles ont pris, toutes les deux, dans leur premier roman, pour héroïne deux jeunes femmes qui ne leur ressemblent pas, marginales, dont elles racontent le voyage au bout du malheur à la pointe sèche, sans complaisance, et l’on est à la fois assommé et fasciné.
Big est l’histoire d’une obèse Marianne. 127 kilos, un monument monstrueux. Un monument, aussi, d’agressivité. Pour résister aux quolibets incessants et à l’autocompassion (« je n’ai jamais eu besoin de personne, ou, plus exactement, je me suis fait une raison depuis longtemps ».. mais « Putain de sensiblerie, qui peut savoir ce que cela pèse vraiment, 127 kilos de souffrance ? »). Un jour, parce que, dans la rue, elle est tombée sur Georges, mince, lui, trop d’ailleurs, l’aide. SDF, ancien cadre au chômage, il dort dans des cartons et colle des affiches dans la nuit. Elle le rembarre, mais pense à lui. Et, dans un monde très noir, où personne ne se fait d’illusions, ils finissent par faire un bout de chemin ensemble. Mais Marianne ne peut s’empêcher de déraper. Elle a déjà rebuté sa seule amie, une copine d’orphelinat, en qui elle voit d’ailleurs une rivale, et qui pourtant lui gardait gentiment son bébé sans père dont elle s’occupe si mal. Elle perdra tout, Marianne, en allant au bout de sa paranoïa, en allant jusqu’au bout de son processus d’autodestruction. Mais elle existe –tout comme Georges- et pas du tout comme caricature. Sinistre ? Oui. Mais en même temps drôle, et forte, cette course au naufrage contée par une plume trempée dans le vitriol décrit aussi un monde… sans pitié : le nôtre ! (…).

Annie Coperman

Le Nouvel Observateur

L’héroïne du premier roman de Valérie Tong Cuon, Marianne, a la peau flasque et le kilo en trop ; il n’est pas jusqu’à ses seins qui se perdent dans la totalité du reste. On dirait un gros tas, pour être populaire, si le débordement de son fessier et l’immodestie de ses grâces ne forçaient l’admiration tout en imposant le respect.
Un boudin, un clodo, et tout le théâtre de la violence urbaine : de quoi vous rendre nostalgique de ces temps où l’on savait apprécier l’opulence et les rondeurs..

D.J.

Femina Hebdo

Pour Valérie Tong Cuong, ce coup d’essai se révèle un coup de maître.
Dans son roman, « Big », la très mince Valérie Tong Cuong décrit les affres d’une femme obèse. Une fiction qui a beaucoup touché Anne Zamberlan.
Mal dans sa tête, mal dans son cœur, mal dans sa peau, Marianne, l’héroïne de Big, traîne sa carcasse comme un boulet. Et quel boulet : 127 kilos de chairs « tombantes », de seins « lourds et gras ». Marianne porte son poids comme un fardeau et doit affronter le regard des autres : méprisant, pervers ou pire, apitoyé... Personne ne lui pardonne sa différence. Alors, pour tenter d’oublier le monde et les autres, Marianne, la féroce, va crever à petit feu et s’enfoncer dans la nuit… Ce roman en dit long sur le racisme ordinaire. Celui réservé à tous ceux qui ne se fondent pas dans le moule : les « trop gros », les « pas beaux »…
Avec brio et sensibilité, Valérie Tong Cuong nous entraîne dans les méandres de l’âme humaine. Big est un premier roman magnifique, à dévorer d’urgence pour bannir de notre vocabulaire le mot « intolérance ».

Isabelle Pelletier